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Nous avons tous un sexe, des envies, des hormones, des tendances, et tant de choses sur lesquelles nous n'avons pas vraiment de prise. La rationalité du cerveau s'efface souvent au profit des pulsions : les femmes victimes de leurs sautes d'humeur prémenstruelles le savent mieux que quiconque.
La sexualité fait partie intégrante de notre être. Ne vaut-il pas mieux l'accepter telle qu'elle est, et pas telle que nous aimerions qu'elle soit ?
Pour mieux comprendre l'engouement actuel pour le partagisme, faisons un grand bond dans un passé très, très lointain.
Rappelons-nous que Mère Nature se creuse les méninges pour reproduire l'espèce. La pulsion sexuelle est sa meilleure méthode. Quand on y réfléchit, on pourrait trouver étrange cette propension de l'être humain à se frotter nu contre un être humain de sexe opposé.
On pourrait se demander comment l'homme des cavernes a pu trouver naturel de mettre son truc dans le machin de sa femelle et de s'y frotter jusqu'à l'orgasme, car à l'époque, nous ignorions totalement que cet acte permettait à la femme d'enfanter. Il l'a d'ailleurs ignoré pendant un sacré paquet de siècles - Il semblerait même que certaines personnes - encore aujourd'hui - l'ignorent encore
La motivation primaire de l'acte sexuel chez l'être humain n'est donc pas de se reproduire, mais de pourvoir à ses pulsions.
Il se trouve que la pulsion sexuelle de l'homme n'est pas seulement de jouir, car alors, il se serait contenté depuis longtemps de la masturbation !
L'homme va ainsi - inconsciemment - s'évertuer à féconder un maximum de femmes.
La nature éliminant les plus faibles, l'être humain va tenter de se reproduire avec les "meilleurs" éléments de sexe opposé (selon les critères des lieux et des époques). Les mieux adaptés, les plus "beaux", seront probablement les plus aptes à procréer, et mener leur progéniture à l'âge adulte. Chez les femmes, il s'agira de jeunesse, de seins opulents, d'une taille mince, de hanches larges, d'un visage équilibré. Chez les hommes, il s'agira d'abdominaux, de bronzage, de dents blanches, de présence de cheveux, de richesse et d'intelligence.
L'homme peut ensemencer un grand nombre de femmes, mais une femme ne peut enfanter qu'un nombre de fois limité. Il est donc "logique" que la femme recherche un seul partenaire, mais le meilleur, car elle en a besoin non seulement pour se faire féconder, mais ensuite pour l'aider à élever sa progéniture.
Ceci peut expliquer pourquoi une majorité d'hommes restent émotionnellement fidèles à une seule femme, tout en étant "sexuellement polygames". Un homme peut très bien tromper sa femme chaque jour tout en ne désirant jamais la quitter.
Pourquoi les femmes veulent-elles à tout prix interdire leur homme d'avoir des relations sexuelles avec d'autres femmes ? On peut imaginer ici aussi une méthode de Mère Nature pour éviter la consanguinité. Si, dans une tribu, un homme est à la fois beau et fort, il va alors ensemencer toutes les femmes, et les enfants seront alors tous des demi-frères et soeurs, ce qui créera des problèmes de consanguinité dès la 2ème génération.
L'homme essaie de comprendre la femme d'après son propre cerveau masculin, et vice versa. Incompréhension, stress et dépression en sont le triste lot.
La femme sera rongée par la jalousie et la peur d'être quittée. L'homme ne se reposera jamais de désirer le maximum de belles femmes. A moins d'être dépourvu de pulsion sexuelle, ou de désir d'enfantement, il nous faudra patienter d'être suffisamment âgés pour être libéré ces états de faits.
Certes, ce constat factuel n'est pas glamour mais il permettra peut-être un pas vers la "réconciliation" des hommes et des femmes.
Rappelons-nous que nous ne sommes que l'aboutissement d'une longue suite de mutations génétiques, et que primitivement, nous étions des animaux, n'en déplaise aux opposants de Darwin. Nous tentons depuis des millénaires, de masquer nos bas instincts sous une épaisse couche de culture, de morale et de religion, mais n'est-ce pas vouloir arrêter le vent ?
Le partagisme est une invention humaine, particulièrement masculine, qui renoue avec nos instincts profonds : couple uni et variété des partenaires dans un même espace-temps.
Comment ne pas évoquer nos proches cousins, les singes bonobos ! Il semblerait que nous partagions le même ancêtre, il y a vingt millions d'années. Moins de 2% d'ADN nous différencient d'eux. Ce sont les champions toutes catégories de la polysexualité ludique. On a pu les voir expérimenter toutes sortes de positions sexuelles, effectuer des fellations, s'embrasser avec la langue, se masturber.
Voyez ici une définition intéressante des bonobos.
De tous temps, la sexualité de groupe a existé, mais c'était toujours une exception plutôt que la règle.
Seul le vocabulaire change.
La polysexualité a plutôt été pratiquée en priorité par la classe sociale dominante, et très souvent initiée par les hommes plutôt que les femmes.
Ses deux freins majeurs furent la naissance du christianisme et l'émergence du SIDA dans les années 1980. Certains extrémistes n'hésitaient pas à clamer que c'est Dieu lui-même qui a créé le VIH pour empêcher cette "dérive perverse".
Les hommes des cavernes, formaient des couples monogames par nécessité vitale : à charge pour l'homme de chasser et d'accomplir les tâches physiques, à la femme de subvenir aux besoins domestiques, aux soins et à l'éducation des enfants.
Dès que la vie devient plus facile, la polysexualité apparait.
Il semblerait que les plus anciennes reliques relatant la polysexualité datent de 5'500 ans : l'anthropologue Novgorodova aurait découvert des fresques dévoilant des scènes sexuelles (une femme octroyant une fellation à l'un pendant qu'elle se fait pénétrer par un autre).
La sexologue Maïté Hoyer affirme : "La pratique des amours collectives est l'une des expressions sexuelles les plus anciennes de l'être humain".
Dans la Grèce antique, les hommes ne doivent pas éprouver de plaisir sexuel avec leur épouse, mais plutôt avec une hétaïre (prostituée). Et le comble du raffinement consistait, pour ces hommes mariés, à initier un jeune garçon aux joies de l'homosexualité.
Des vases datant de 600 Av J.C. sont décorés de scènes d'orgies comparables au spectacle offert par les clubs partagistes contemporains.
Les orgies romaines, comme les parties libertines actuelles, pouvaient compter jusqu'à trois cents couples.
L'avènement du christianisme signe le début du monothéisme et de la monogamie. La femme qui, jusque-là, était souvent considérée comme un bien matériel, acquiert le statut d'épouse, et se voit infliger les obligations induites (notamment la fidélité). La sexualité est alors clairement définie et limitée. Elle ne doit plus servir qu'à la reproduction, bannissant toute notion de plaisir.
La philosophe Paule Salomon déplore : "Les théologies occidentales ont coupé la femme du meilleur d'elles-mêmes, condamnant dans un même mouvement la chair, la sexualité et la femme, toutes trois coupables d'exister".
Les hommes s'accommodent mal de cette monogamie.
Certaines femmes violées, femmes adultères et filles-mères sont fouettées, tuées, emprisonnées, massacrées pour "laver l'honneur de leur famille".
Lorsque "sexualité" rime avec "prohibé", elle acquiert de facto une dimension perverse qui prédispose à tous les excès. Il fut un temps ou de célèbres maisons de passe étaient tenues par des membres du clergé.
Courbet : L'origine du monde
Ce n'est qu'au 16ème et 17ème siècle que l'adultère féminin commence à être toléré. De Louis 8 à Louis 14, gentilshommes et filles d'honneur peuvent laisser libre cours à leur sexualité.
Ceux qu'on nomme les "libertins" de l'époque, représentent un courant philosophique (et sexuel) qui, pour la première fois, se soucie du plaisir des femmes.
Les écrits libertins atteignent leur apogée au 18ème siècle avec le Marquis de Sade (le divin Marquis), qui prône explicitement la supériorité du vice sur la vertu.
En 1956, s'appuyant sur la libéralisation des moeurs, l'invention de la pilule a contribué à une sexualité plus libre.
"Faites l'amour, pas la guerre", s'exclamaient en choeur les hippies de l'époque, opposés à la guerre du Viêt-Nam.
Avant mai 68, on n'évoquait le partagisme que très confidentiellement. La monogamie se posait en règle assez absolue.
Mai 68 a réellement changé les mentalités : déculpabilisation du plaisir, libération de la femme (contraception et avortement), abolition de beaucoup de censures...
Dès 1968, et dans les années 70, l'amour de groupe s'exposait au devant de la scène. Cet engouement s'est refroidi avec l'apparition du SIDA, dans les années 80. L'émergence de cette nouvelle maladie faisait les choux gras des opposants à la liberté sexuelle qui l'utilisaient comme prétexte à des discours normatifs exhortant à la fidélité.
La société a relativisé le phénomène SIDA, l'éducation remplit son rôle et les préservatifs sont devenus les fidèles alliés des partagistes.
Nous assistons à un engouement pour le partagisme, s'expliquant par différents facteurs :